L’heure approchait lentement et autre qu’attendre le plus patiemment possible, l’Irlandaise ne pouvait faire autre chose qu’être assise sur le divan, un verre dans une main et une mèche de cheveux enroulée sur les doigts de l’autre main. Elle venait de passer une heure complète à choisir ses vêtements et tout ça, en gardant en tête que ça devait avoir l’air naturel et surtout qu’elle n’y avait pas passé si longtemps. Par Merlin, tout ça était stressant. Elle avait un peu l’impression de se voir alors qu’elle était adolescente, à Poudlard, à être toute énervée de se faire inviter au bal. Ou encore, à son premier rendez-vous avec Jay, combien elle avait été nerveuse, heureuse et incapable de rester sur place. Évidemment, il l’avait emmené dans un grand restaurant chic et ça n’avait certainement pas aidé. Maintenant, c’était plus en sa faveur. Elle avait invité le grand Gallois chez elle et lui avait proposé qu’ils cuisinent le dîner ensemble. Originalement, elle voulait bien cuisiner, mais il avait déjà compris qu’elle n’était pas apte à faire sans transformer les aliments en armes nucléaires. Alors, il avait gentiment proposé qu’ils s’y mettent à deux. La demoiselle savait bien que c’était parce qu’il voulait la superviser et s’assurer qu’elle n’empoisonne pas leur repas.

Ce qui la rendait nerveuse, c’était plutôt qu’elle n’était pas certaine de pouvoir définir comment elle se sentait. Avec Ian, c’était un peu étrange. Elle appréciait beaucoup sa présence, il la faisait sentir bien, il lui donnait un peu l’impression d’oublier qu’elle était toujours mariée, que tout avait foiré, qu’elle avait jeté sa carrière par la fenêtre et qu’elle avait peut-être même compromis ses chances dans le quidditch. Elle en venait même à oublier qu’elle aurait probablement pu tout simplement retourner dans le petit monde où elle servait de jolie femme à l’héritier des Rozenwyn et où elle ne faisait que dire ce qu’eux voulaient qu’elle dise. Et cette petite envie de tout prendre et s’en aller la prenait parfois. Elle se réveillait la nuit en se demandant qu’est-ce qu’elle avait bien pu penser en jetant tout en l’air ainsi, qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire à la fac, pourquoi avait-il fallut qu’elle parte… Heureusement, ces idées passaient et ce n’était pas seulement parce qu’elle était heureuse d’être au même endroit que son frère. La brunette savait que c’était aussi parce qu’il y avait Ian. C’était un charmeur, il faisait de l’œil à toutes les filles et pourtant, ça ne la dérangeait pas. Elle ne faisait qu’apprécier sa présence, qu’aimer la manière qu’il avait de la traiter avec douceur, de ne rien forcer. Tout allait lentement, elle avait de plus en plus l’impression que Jay était loin derrière et qu’elle n’avait plus à penser à lui, même si parfois, elle se surprenait à s’ennuyer de lui. Ça lui prendrait du temps pour tout oublier, mais peu à peu, la confusion et la douleur s’estompait.

Après quelques minutes à rester assise sur son divan, la jeune femme se leva, pour retourner devant le grand miroir qui ornait le derrière de la porte d’entrée. Le tricot blanc qu’elle avait enfilé avait un grand col lui retombant sur les épaules et autour de son cou était enroulé un foulard léger, question qu’elle ne se prenne pas un bon rhume. Un simple pantalon noir flare et ses pieds nus pour terminer le tout. Elle adorait marcher pieds nus sur le bois franc et ce n’était que lorsqu’il faisait trop froid qu’elle enfilait ses chaussettes de laine. Ses cheveux tombaient sur ses épaules et dans son dos et malgré la brosse qu’elle y avait passée, ils étaient toujours aussi rebelles. Pas de maquillage, elle préférait de loin être naturelle et puis de toute manière, elle risquait de se frotter le visage et l’étendre. De toute manière, elle lui avait dit qu’il ne devait pas être classe et que ce n’était qu’un souper comme ça, entre amis. Entre amis proches. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, alors que ses mains lissaient nerveusement des plis invisibles sur son pantalon, puis l’étudiante se dirigea vers la fenêtre, pour guetter l’arrivée du jeune homme.

L’Irlandaise avait proposé de faire une soupe, mais c’était lui qui avait dit que c’était probablement mieux si elle l’attendait et qu’ils s’en occupent ensemble. Elle aurait pu être insultée qu’il n’ait pas confiance en ses capacités, mais en réalité, elle savait bien que c’était pour le mieux. Un matin, il était resté dormir la veille puisqu’ils étaient sortis à la Banshee, elle avait essayé de faire des omelettes et il s’était étouffé sur sa première bouchée. Heureusement, il avait été assez gentil pour dire que c’était simplement parce qu’il n’avait pas bien mâché, mais elle savait bien que c’était parce que ça goûtait la merde. Enfin, c’était tant mieux pour elle, parce qu’il était un peu comme Quinn et il savait très bien faire la cuisine. Vraiment, c’était même parfait pour elle.

Par Merlin, plus elle regardait à l’extérieur, pour guetter l’arrivée de son invite, plus les papillons dans son estomac semblaient grossir et bouger. Elle n’était pas nerveuse à cause de lui, vraiment. C’était plutôt parce que c’était vraiment comme un rendez-vous! Évidemment, elle avait dit que ce n’était qu’une soirée entre amis, mais l’implication avait été très claire. Et lui, il avait semblé plus qu’heureux d’accepter, ses s’étaient même un peu rosis. Il était si mignon. Beau aussi. Parfait, en fait. Sympathique, adorable, attentionné, patient… Il lui donnait chaud, autant parce qu’il était affreusement attirant physiquement que parce que sa personnalité l’était encore plus. C’était même plus important pour elle. La beauté, le physique, elle y avait déjà eu droit avec Jay. Mais la personnalité, l’attitude, le caractère…? Ian avait tout ça, lui.

En voyant la figure du Gallois apparaître sur la rue, tout près de son bâtiment, la brunette ne pu empêcher un sourire de venir fendre son visage en deux, alors qu’elle se mit à sautiller joyeusement d’un pied à l’autre. Chaque fois qu’elle le voyait, c’était toujours aussi excitant. Sans plus attendre, elle gambada jusqu’au grand miroir près de la porte, pour jeter un dernier coup d’œil à son apparence, avant de l’entendre cogner. Heureusement, outre ses cheveux qui étaient beaucoup plus sauvages qu’elle ne l’aurait souhaité, tout semblait en place. Deux secondes passèrent avant qu’elle n’ouvre la porte, comme une fillette excitée de voir son invité.

Ses yeux s’étaient automatiquement posés sur le visage du jeune homme, mais ça ne prit pas cinq secondes avant qu’elle n’abaisse le regarde sur le bouquet de fleurs qu’il tenait dans une main. Ooooh… Elles étaient si jolies! Teagan attira le géant à l’intérieur, avec son grand sourire aux lèvres, puis elle referma la porte derrière lui, pour épargner ses pauvres petites orteils qui commençaient à avoir froid. La demoiselle lui prit le sac des mains, le posa au sol, puis elle vint finalement poser les mains sur celle qui tenait le bouquet, tout en s’exclamant :

« Oh Ian! Comment t’as deviné que j’adore les fleurs? Elles sont si belles! »

Sans plus attendre, l’Irlandaise se hissa sur la pointe des pieds et alors que lui se pencha un peu, elle posa un baiser au coin de ses lèvres, les joues juste un peu roses. Elle se colla ensuite à lui pour lui offrir un câlin, pour passer ses bras autour de sa taille et enfouir son visage dans son torse, juste pour profiter un peu de sa présence. Il avait eu la chance d’enlever son veston alors qu’elle fermait la porte. Il était tout chaud, même s’il venait de l’extérieur. Après un instant, elle se décolla et leva la tête, pour lui lancer un clin d’œil joueur, en lui prenant le bouquet des mains. Elle alla vers la petite cuisine, une impression de déjà vu la prenant alors qu’elle sortit un verre d’œil, dans lequel elle vint verser de l’eau. Il lui fallait des vases, ça commençait sérieusement à devenir nécessaire.

« Je vais les poser sur la petite table à côté de mon lit et demain, quand je me réveillerai, ce sera la première chose que je pourrai regarder. » dit-elle, en partant vers le petit meuble en question.

Le bouquet semblait être exactement à sa place. Elle se pencha un peu pour le sentir, soupirant de satisfaction lorsque les effluves vinrent lui chatouiller les narines. Sa mère lui dirait que c’était un jeune homme précieux, ce Gallois-là. Les fleurs, c’était un bon indicateur pour elle. Puis bon, il était tellement charmeur et bien élevé, qu’il arriverait probablement à séduire la plus misérable personne au monde. Sa mère était un cœur, facile à convaincre et n’importe qui donnant un peu d’effort arriverait facilement à lui plaire.

La jeune femme se redressa et se retourna vers le beau jeune homme, ses yeux bleus-gris brillants en prenant finalement le temps de considérer son apparence. Cette couleur, ce bleu… Ouf, il lui donnait envie de faire des choses indécentes, ce pull. Une petite morsure sur la lèvre, pas vraiment gênée de le regarder ainsi, comme s’il n’était qu’un beau morceau de viande. Enfin, elle arriva à retrouver contenance assez vite, non sans d’abord dire à son intention, d’une voix un peu basse :

« Ce pull te va vraiment bien, Ian. Il me plaît beaucoup. »

Beaucoup, ouais. Probablement encore plus s’il se trouvait ailleurs que sur lui. La jeune femme se sentit surprise d’elle-même en constatant qu’elle pensait de telles choses, mais elle n’arrivait même pas à se sentir comme si c’était mal. Non mais, elle aussi avait le droit d’avoir envie de quelqu’un. Surtout quelqu’un d’aussi charmant. Hm, cette soirée allait peut-être être plus difficile que prévu. Il fallait qu’elle se contrôle, qu’il se contrôle aussi. Vraiment, ce n’était pas en le regardant ainsi qu’elle y arriverait. La demoiselle releva les yeux vers les siens, et sourit timidement, en sachant très bien qu’il savait que ses pensées n’avaient rien de pur.

Spoiler:

[Sens-toi bien à l’aise de PNJiser Ian et de nous rendre jusqu’à la fin de la cuisson, faut pas trop traîner. Ils ont faim 8D ]

C’qu’il était beau. Comme ça, de tout près, penché vers elle. Les yeux un peu brillants, les joues rugueuses d’une jolie barbe taillée, les lèvres étirées en son petit sourire charmeur. Ses belles boucles qu’il cachait toujours sous sa casquette et ses grandes mains juste assez baladeuses pour la réchauffer. Sa taille fine semblait faite pour se trouver entre ses mains et la belle mâchoire carrée du Gallois allait parfaitement dans ses petites mains à elle. Comme deux morceaux de casse-tête faits pour aller l’un dans l’autre.

L’air enjoué qu’elle arborait ne fit que se faire encore plus clair en voyant qu’il semblait tout aussi amusé. Elle aussi voulait un baiser maintenant. La demoiselle avait le mérite d’être patiente et d’avoir un contrôle plutôt impressionnant, mais il ne fallait pas exagérer non plus. Elle aussi avait envie de profiter de la chaleur de l’étreinte, de goûter le désir sur ses lèvres, d’avoir les papillons dans le ventre. Et puis il lui accorda ce qu’elle désira sans plus attendre, lui-même semblant presque impatient.

Il goûtait comme s’imaginait, il goûtait la chaleur, l’été. Il goûtait un peu sucré et aussi le tabac. Ça lui plaisait, c’était exactement ce qu’il devait goûter. L’Irlandaise se pressa contre lui, une de ses mains se glissant dans la chevelure du jeune homme et l’autre, lui caressant la joue. La sensation juste un peu piquante de la barbe contre sa paume était réjouissante. Vraiment, elle n’avait jamais pensé avoir un faible pour les hommes à barbe, mais depuis qu’elle voyait Ian, il lui semblait qu’il n’y avait pas grand-chose de plus viril. C’était beau et masculin et elle avait envie de le flatter et de l’embrasser plus encore.

Sa langue était douce, il n’y avait pas de presse et si elle avait pu rester dans ses bras toute la soirée, comme ils étaient maintenant, elle aurait été heureuse. Toutefois, elle avait aussi l’intention de manger et elle savait bien que lui aussi voulait manger à un certain point. Le baiser se brisa naturellement, sans que ce soit forcé. Elle ouvrit lentement les yeux, ses iris bleus-gris brillants d’un désir difficiles à cacher. Il était encore plus beau maintenant, les joues un peu roses, les lèvres un peu enflées et rouges, une lueur un peu vitreuse dans le regard. Elle le laissa s’éloigner, hochant doucement la tête lorsqu’il proposa qu’elle mette un peu de musique. Son verre se cogna légèrement au sien, un petit son aigu se faisant entendant, avant qu’elle n’en prenne une gorgée. Peut-être que ça la détendrait de boire un peu, que ça calmerait un peu les envies.

Son regard resta posé sur le grand Gallois pour quelques instants encore, avant qu’elle ne parte vers le salon, en lâchant un petit soupir de satisfaction. La demoiselle avala une autre gorgée, avant de poser son verre sur la petite table du salon, puis de se diriger vers le tourne-disque se trouvant dans l’étagère, face au divan. Teagan avait une bonne collection de disque, principalement du rock, un peu de soul, et une petite portion consistait en des styles quelconques. Ses yeux glissèrent sur les cartons, un dilemme bien évident se présentant. Quel style? Un truc rythmé ou un truc lent? Instrumental ou non? Elle n’était même pas certaine de savoir qu’est-ce que lui préférait. Bon, dans le doute, le jazz allait toujours. C’était peut-être un peu lent, mais probablement plus approprié que le rock. L’étudiante sorti un disque compilation des meilleures pièces de jazz et peu de temps après, les premières notes se firent entendre. Elles lui arrachèrent quelques mouvements de hanches, avant qu’elle ne s’éloigne, pour rejoindre le beau jeune homme maintenant assis sur le divan.

La brunette ne se fit pas prier pour s’asseoir à ses côtés, plutôt collée contre lui, au creux de son bras. Il était si tactile, si câlin que c’en était adorable.

«  La musique va, hm? Je préférerais de loin une ballade jouée et chantée par un grand Gallois, mais j’imagine que le jazz est un bon remplacement… » dit-elle, avec un clin d’œil taquin.

Le sourire rieur, la demoiselle vint poser un baiser au coin des lèvres de son invité, en lui serrant le genou d’une main. La dizaine de minutes qu’ils avaient à attendre passa plutôt vite, comblée par une conversation légère, enjouée. Elle l’invita pour une fin de semaine à la maison de ses parents, quoiqu’elle ne savait pas quand exactement, question que ce soit juste et qu’elle puisse aussi lui présenter une partie de sa petite famille. Évidemment, elle ne manqua pas de lui mentionner que sa mère tenterait peut-être de l’adopter, puisqu’il était si charmeur. Et elle le rassura aussi quant au fait que même s’il n’aimait pas le quidditch, son père allait certainement bien l’aimer quand même. Après tout, il n’y avait pas que le quidditch dans la vie. Enfin… Ça restait à voir, pour ça. Bien vite, il s’aperçut que les dix minutes avaient passées et qu’il était temps de manger. Est-ce que toute la soirée allait passer aussi vite…? Par Merlin, elle espérait que non.