On était samedi soir, le 3 novembre pour être précis, j'aime bien être précis de temps en temps. Il était déjà tard, dehors la nuit était tombée recouvrant les alentour de son manteau étoilé. J'étais allongé sur mon lit, scrutant les photos de mes amis au plafond qui bougeaient tranquillement, disparaissant parfois dans un coin pour réapparaître dans l'autre, j'avais un vague sourire aux lèvres, l'Irlande me manquait c'était indéniable. J'adorais mon pays, il me rappelait ma mère, mais il m'avait fallu le quitter pour étudier, ça fonctionne comme ça quand on a des ambitions, on doit savoir faire des sacrifices.

Il était bientôt 23h et j'étais toujours étendu sur mon lit, je devais retrouver une jeune femme que j'avais rencontrée il y a peu à la Banshee Hurlante, pourtant je n'arrivais pas à me décider à y aller. Je n'étais pas habitué à ce genre de chose, surtout que ça avait été rapide sachant qu'on s'était rencontré deux jours auparavant. Alecia de son prénom m'avait demandé de venir la rejoindre après son service, mais je n'osais pas. Je n'ai pas l'habitude qu'on m'invite comme ça et si elle se moquait de moi . Ou si c'était une mauvaise blague, je me sentirai très mal. Donc je pré-ferai rester là, à attendre que le temps passe ou qu'une météorite me tombe sur le coin du nez.

En réalité ça faisait presque deux heures que je changeais d'avis toutes les 15 minutes environ, me décidant à y aller puis me dégonflant et ainsi de suite. C'est qu'elle était jolie la petite blonde et très surprenante, bizarre aussi, elle n'arrêtait pas d'utiliser des expressions étranges utilisant des râteaux et toutes sortes d'instruments incongrus. Mais l'air de rien elle m'intriguait, voilà pourquoi j'avais envie d'y aller, d'un autre côté ma paranoïa légendaire me forçait à rester bien au chaud dans ma chambre. Ce qui causait donc un petit dilemme intérieur.

Quinze bonnes minutes s'étaient écoulées depuis mon dernier changement d'avis et voilà que ça recommençait, et cette fois-ci j'étais bien décidé à y aller.

- Par la barbe de Merlin, tu es un irlandais oui ou non ?

Je parlais à mon miroir, oui je sais c'est totalement idiot, mais rien de tel pour se redonner du courage, fort de cette petite auto-motivation, je troquais rapidement mon t-shirt gris pour une chemise noire, plus adéquate. Puis il faut aussi avouer qu'elle me mettait plus en valeur aussi, d'après les avis qu'on m'avait donnés, alors pourquoi pas. Le reflet que me renvoyé mon miroir n'avait pas l'air si cruche que je le pensais, ça devrait faire l'affaire, j'étais déjà en retard. Je passai une main dans mes cheveux, pour les remettre relativement en place avant d'attraper une veste et de l'enfiler en passant la porte.

Je traversai rapidement les couloirs me séparant du parc, je ne serrais pas à l'heure ça c'est sur étant donné qu'il me restait à peine 5 minutes pour arrivée et que je n'étais même pas encore sortie de l'enceinte du château mais je pouvais essayer de limiter les dégâts, espérant qu'Alecia serrait encore là quand j'arriverai. Au pire je me prendrai un râteau comme elle disait, ça ne devait pas faire trop mal. Dans Stornoway il y avait des gens qui ses balaidaient gaiement dans la rue, en majorité des étudiants, que j'avais parfois aperçu à St-Barnaby, mais je n'avais pas encore vraiment d'amis ici, alors pas besoin de s'arrêter.

Il me fallait retrouver le chemin de la Banshee, pas si compliqué que ça en fait, je pouvais déjà apercevoir leur enseigne au loin. *Ton but est proche mon gars, pas le moment de te décourager* pensais-je alors que je me rapprochais du pub. Je ne pouvais plus reculer, enfin si je le pouvais encore mais je préférai penser le contraire histoire de ne pas me donner de mauvaises idées.

Me voilà face à la porte, le moment décisif était arrivé, je poussai la porte, je n'eus même pas besoin de chercher la blonde dans la foule ou derrière le comptoir, puisque apparemment elle m'attendait non loin de la porte. Je faillis presque la percuter en entrant, jolie entrée en matière, n'est-ce pas . Je lui adressai un petit sourire, n'osant rien dire, allait-elle m'en vouloir pour mon retard ? Il faudrait que je me fasse pardonner, en lui offrant un verre peut-être.

- Euh... salut, arrivais-je à articuler plus ou moins correctement.

Même une fois dans le pub je me demandais si j'avais bien fait de venir, il y avait trop de monde, trop de possibilités pour se faire remarquer, je n'aimais pas ça du tout. Mais Alecia n'avait pas l'air plus à l'aise que moi, ça compensait, puis maintenant que j'y étais, je n'allais tout de même pas faire mon hypogriffe mouillé et prendre mes jambes à mon cou, ça risquait d'être plus ridicule qu'autre chose. En y réfléchisant je ne savais même pas ce qu'elle avait prévu pour cette soirée et surtout ce qu'elle attendait de moi.

D'ailleurs c'est une bonne chose à soulever ça, qu'attendait-elle de moi ? Soudain je senti mon cerveau s'embrouiller, elle devait surement s'attendre à quelque chose sinion elle ne m'aurait pas demandé de venir, mais quoi !? Je n'avais pas pensé à ça, lui avais-je donné un quelconque espoir de quoi que ce soit ? J'étais une cruche, complétement nul dans les relations avec autrui, je ferai mieux de m'enfermer dans ma chambre et de ne plus jamais en sortir, * Bonne idée mon gars *

« Coucou Aindreas. J'avais peur que tu ne vienne pas. »

Ses peurs étaient fondées, j'avais bien failli ne pas venir. Je n'aurai pas du venir d'ailleurs. Trop tard... Je ne pus m'empecher de lui offrir un petit sourire gêné. Devais-je lui avouer mes rétisences ? Non, elle le prendrait surement mal et ce n'était pas mon but de la braquer avant d'avoir échangé plus de trois phrases. Ca serrait dommage quand même.

« Tu veux boire quelque chose ? »

God, où était mes bonnes manières, si mon père avait été là il m'aurait certainement blamé pour mon incompétence, à raison. Je me redressai tout à coup, me dressant ainsi de tout ma taille, c'est que je n'étais pas petit à la basse, malgré le fait que je me tenais rarement parfaitement droit, j'ai toujours eu l'habitude de me replier sur moi-même et ça se voit jusqu'à dans ma façon de me tenir.

« Euh... Oui... Je vais au bar, je te ramène quelque chose ? »

Je faisais encore partie de la vieille école, on me le disait souvent, beaucoup pensait que j'avais une attitude poussiéreuse, c'était peut-être vrai mais je ne savais pas faire autrement de toute façon. J'étais « galant » à outrance, faute à l'éducation que m'avait donné mon père. Je n'aurai surement pas supporté qu'elle me paye un verre, ce n'était pas à elle de faire ça.

A peine avait-elle répondu que je filais déjà vers le bar, me frayant un chemin à travers la salle peuplé de gens tous différents les uns des autres. Le barman était un jeune homme blond, le visage accueillant,il était agréable, heureusement. Je commanda un whisky et un cocktail pour la jeune femme. Une fois les verres à la main je passai la salle au crible, pour retrouver la blonde qui s'était finalement installé un peu à l'écart. Tant mieux je ne me voyais pas devoir partager une table avec de parfait inconnu, déjà que je ne me sentais pas à l'aise avec tout ce monde. J'essaya donc de la rejoindre sans renverser mes verres.

« Voilà demoiselle votre verre est arrivé à vous »

Je venais juste de lui proposer à boire, et m'attendant à ce qu'il me dise ce qu'il désirait, la réponse fut toute autre.

« Euh... Oui... Je vais au bar, je te ramène quelque chose ? » 

J'étais littéralement scotchée sur place. Il venait de retourner la question, au final ce serait lui qui m'offrirait un verre. Etait-ce une question d'ego ? Non, je pensais plus à son éducation, vu qu'il m'avait déjà fait la remarque au Sor-Thé-lège. Je me sentais horriblement gênée, presque comme si je venais de me faire assister ; j'avais beau ne pas avoir des moyens extraordinaires, je n'étais pas pour autant sans le sous. Mais je préférais ne pas le froisser, et respecter ce qu'il était. Autant je m'étais sentie un peu idiote sur le coup, que je trouvais à présent que cette facette de lui faisait indéniablement son charme. Comme je voyais qu'il était définitivement décidé, je lui dis que je prendrais bien un coktail, ce genre de choses bien sucrées aux saveurs exotiques, que j'adorais particulièrement. Car je n'aime pas vraiment les alcools forts.

Je le vis partir, droit, grand et si élégant dans sa chemise noire que j'en avais le vertige. J'avais l'impression qu'un second orage me secouait les tripes, qu'un second coup de foudre venait me frapper le haut du crâne. Oui, c'est ça, un coup de foudre. Il était si mystérieux et tellement différent sur bien des points que cela le rendait presque irrésistible, et assise là seule, dans mon coin, je pouvais faire toutes les mimiques de joie et de pseudo fan-girl enjouée à souhaits. Jamais je n'avais eu autant envie de me rapprocher d'un homme, même par le passé, cette pulsion n'avait jamais été aussi forte. Je serrai ma poitrine, sentant les battements compulsifs de mon cœur, je levai la tête au plafond en me disant de me calmer. « C'est vraiment un coup de foudre ? » me disais-je tout bas. J'avais peur aussi. Et si tout ça ne menait à rien ? Ou si Aindreas pense que je me sers de lui, ou que je le prends pour un idiot alors que ce n'est absolument pas le cas ?

Mais il était trop tard pour penser car il revenait déjà, tel un chevalier servant, avec les deux verres.

« Voilà demoiselle votre verre est arrivé à vous »

Je le remerciai avec un grand sourire, le fait d'avoir croisé ses yeux fit roussir mes joues. Je pris le verre en ajoutant un « merci » pour m'assurer qu'il avait bien compris le message. Que faire à présent ? Il serait incongru de me mettre à poser des questions sur lui, alors autant parler de moi sans me lancer dans les détails. Un peu de « J'aime, j'aime pas » ne serait peut-être pas trop monotone, aussi je décidai de me lancer.

« Ça te dit de se dire nos goûts respectifs ? On pourra mieux se connaître comme ça. Allez je me lance ! »

Je lui souris davantage. J'espérais de tout cœur que parler un peu, simplement, nous détendrait tous les deux. Je réfléchissais un peu, cherchant ce que je pourrais lui dire, les principales choses pour ne pas durer en longueur.

« J'aime beaucoup le nougat, c'est mon péché mignon, j'aime aussi le thé et le parfum de la lavande. Le bruit de la pluie me calme et m'apaise, comme les bougies... Hum...Je suis fascinée par les Abraxas et j'aimerais beaucoup en élever plus tard. »

Je reprenais mon souffle, et le fixa durant quelques secondes. Je ne savais pas trop s'il était bon de placer ce qui allait suivre, mais bon, pourquoi pas.

« J'aime aussi beaucoup... Les yeux clairs... Un peu comme les tiens... »

Je voyais très bien que parler de ses parents attristé Alecia, je n'aimais pas la voir comme ça mais que pouvais bien faire . On ne se connaissait pas tant que ça je ne pouvais donc pas me permettre de faire grand-chose. Voilà pourquoi j'avais essayé de changer de sujet, même si ce n'était pas très habile. Pourtant elle ne répondit pas à ma question, mais se leva.

« Tu veux bien aller dehors avec moi s'il te plaît... ? »

Elle m'avait pris par surprise, il y a encore quelques secondes elle était tranquillement assise dans un fauteuil et là elle voulait sortir. Je regardais autour de moi un peu perdu, c'est vrai qu'il y avait beaucoup de monde, peut-être était-elle aussi mal à l'aise que moi. Quoique je n'allais tout de même pas la laisser sortir seule, la pauvre n'avait pas l'air de se sentir bien et puis j'étais venu pour passer la soirée avec elle. Je ne me voyais pas rester seul avec moi-même parmi tous ces inconnu.

« Euh... oui, j'arrive... »

Elle ne m'avait surement pas entendu répondre puisqu'elle était déjà sorti lorsque je me décidai à me lever. Je finirai mon verre avant de me diriger vers la porte. La douce chaleur qui régnait dans le pub s'efface bien vite une fois dehors. Je restai là à côté d'elle, un peu mal à l'aise, je ne savais pas quoi faire ni dire. Je me baffai intérieurement pour mon incompétence. Alors que j'intégrais l'idée de ma nullité, elle vint se blottir dans mes bras.
Tout d'abord, je fus surpris, rien ne me préparait à ce genre d'action, puis une fois la surprise passée je resserrai mes bras autour d'elle, histoire de la rassurer un peu. Elle n'allait pas bien et je ne pouvais pas la laisser ainsi ou même la repousser. Je n'en avais pas vraiment envié non plus en fait. Un petit sourire naissait sur mon visage.

« Oui, j'aimerais beaucoup... »

De quoi pouvait-elle bien parler ? Qu'est-ce qu'elle aimerait bien ? Peut-être répondait-elle à la question que je lui avais posée . Je ne voyais que ça. Alors comme ça elle aimerait visiter l'Irlande, peut-être qu'un jour je pourrai l'y amener, pour lui faire visiter le plus beau pays du monde.

« Si tu ... »

J'allais lui proposer de m'accompagner un jour, en Irlande lorsqu'elle se mit sur la pointe des pieds pour m'embrasser. J'ouvris de grands yeux, je ne m'y attendais vraiment pas. Décidément elle était pleine de surprise la petite Alecia. Mais une nouvelle fois après la surprise passait, j'en profitai. Après tout Alecia me plaisait bien, ce n'était donc pas désagréable de se faire embrasser par elle, même si ce n'était pas prévu. Une de mes mains venant se placer sur sa taille, pour l'aider à garder la bonne hauteur.

Une fois le baiser terminé et nos deux visages séparé, je me sentais gêné, pour changer j'ai envie de dire. *Arrête de te poser des questions idiotes Je ne savais pas quoi faire ou même quoi dire, je n'avais pas prévu cette possibilité. Il fallait que je dise quelque chose. Je ne voulais pas qu'elle pense que je regrette ou un truc comme ça. Elle allait être vexée et ce n'était pas ce que je cherchais. Elle avait besoin d'être rassuré, n'est-ce pas ?

« Je ... euh ... »