Mais Marlene n'était ni en train de faire sa star auprès du beau californien, ni même tout à fait occupée à faire la boutiques en villes ~ en fait, elle revenait du marché du village, où elle avait dû se rendre pour trouver quelques herbes qu'elle trouverait sûrement pour moins cher que chez Miranda (et quand je dis moins cher, je pense : "qui n'est pas aussi bien surveillé que dans la boutique du village").
D'un pas surexcité, manquant presque de faire tomber une ou deux personnes sur son passage, et tenant fermement sa cape serrée contre elle plutôt que de se tenir à la rambarde des escaliers, ce qui s'avérait un choix plutôt dangereux, elle emprunta le dernier passage secret pour arriver plus vite au dortoir des filles où, toute essoufflée, elle trouva Bernie fascinée par une quelconque lubie de son invention.

Mais elle ne remarqua pas le cadre qu'elle regardait avec les yeux pleins d'étoiles, et elle sortit de la poche de sa cape blanche à bordure en fourrure et lacets à pompons, une petite boule de poils toute aussi blanche, recouverte en partie par quelques feuilles d'aconit et plumes de jobabille qui avaient fait le voyage avec elle dans la poche.

"Devine qui m'a suivie jusqu'au château depuis le bois !" s'exclama-t-elle, trépignante, alors qu'elle procédait à retirer les ingrédients de potion des poils de la petite boule.

Petite boule, qui se transforma bien vite en une forme animale, avec un nez rose frétillant qui jaillit au grand jour, une paire d'yeux noirs curieux, des petites quenottes qui dépassaient de ses babines, deux longues oreilles touffues, et enfin, une petite queue en pompon (comme ceux de la cape de Marlene).

"Un lapin !!" précisa-t-elle comme si ce n'était pas parfaitement évident.

Elle se jeta sur le lit de Bernioff avec la petite créature pour la lui présenter, manquant presque de renverser le cadre magique de son amie.

Bon, dans l'histoire, ce qu'elle ne précisait pas, c'est que le lapin en question ne l'avait absolument pas suivie de son plein gré, mais avait plutôt fini discrètement dans sa poche, de la même façon que les plumes de jobabille. Mais il ne lui en voudrait probablement pas, car sinon il se serait probablement trouvé sous forme de pâté à l'heure qu'il était.